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?VIENES¿

2018

Rester émerveillable par presque rien… 

 

Récolter des images sur les murs comme on ramasse des coquillages sur les plages.  Voir des fleuves dans les caniveaux. Des océans dans les flaques. Des territoires peuples les nuages. L’insignifiant aussi regorgede récits. Le fissuré, l’usé, le déchiré, le cassé, le délavé, le brûlé, le délaissé, l’oublié, sont timides mais ne sont pas taiseux. Il ont des mots à dire…

 

Glander et glaner ? Oui, les deux mon Général ! Y a qu’un d(é) de différence. Errance et chance. Puis une pincée de contraste, une petite cuillérée de luminosité. Et ensuite mis au carré pour ne pas être débordé, ni en largeur ni en longueur. On ne sait jamais. Cela rassure. En tout cas, moi ça me rassure.  Sur le plan pratique, ça sert aussi l’inventaire de l’art qui s’invente et s’invite par hasard  dans un regard….

 

Les sens sont des baies vers lesquelles, de l’infini, des essentiels convergent et viennent s’ancrer pour débarquer leurs vracs d’épopées, de mélopées, d’épices et d’oiseaux. Il faut alors faire son marché. D’étal en étal, sans objectif, sans préjugé, déambuler pour se laisser attirer.

 

Aujourd’hui, je veux croire que ces images sont des piments-colibris dont les formes, les goûts et les reflets sont matières, lumières et couleurs. Comme l’étranger et l’impromptu, citron-vert et copain du sel,  chimères, ils avivent le tiède et le mou du temps-mélasse qui fuit depuis le premier jour…

 

A l’origine, je ne faisais que passer. Rien de plus, rien de moins.  Putassier, un mur de Buenos Aires m’a lancé un clin d’œil en faisant le paon-perroquet face au soleil. Il a murmuré : Vienes ? L’intonation était douce.  Alors j’ai sorti le mien (d’œil) de ma poche pour le satisfaire. 

 

Murer un mur n’a pas de sens mais murmurer lui en a un, me suis-je dit. Je l'ai écouté du regard, lui, puis ensuite d’autres murs  en Argentine, en Espagne, au Portugal  et dans le métro parisien. Futile ?

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